Si la mémoire d’un homme résiste au temps, c’est grâce à une organisation comme le Rotary International dont la devise est le don de soi et l’action au service d’autrui, le moteur.
Au Maroc, il est impossible de donner un âge à la philanthropie, à la solidarité et à l’altruisme de Marocains dévoués corps et âme à leur cause commune. Mais il est au moins possible aujourd’hui de déterminer l’âge d’un club né immortel de par le sacrifice de ceux qui se sont alternés, au fil des jours, des mois et des années, à semer le bien et récolter le bonheur. Il y a 90 ans, jour par jour, le premier club du Rotary International au Maroc et dans toute la région du Maghreb est né. Une naissance célébrée comme un acte courageux d’un homme mortel qui ne savait pas que ses actions et celles de ses successeurs, doués de sagacité et animés par le capricieux amour de leur patrie, de leur monarchie, et de la terre qui les nourrit et les accueille dans la joie, allaient devenir immortelles. Ceux-là même qui ont sacrifié aux grâces et qui le manifestent dans toutes leurs actions. Ils agissent dans le silence. La communication autour de quelques réalisations sert leur volonté de faire des émules, sans plus. L’homme vain affecte de s’afficher et l’homme sincère agit comme s’il n’était pas observé.
Le 19 mai 1930 est une date qui a été scrutée sur une pierre en granite de l’histoire, commémorant la création du Club par André Jouhaud, agriculteur. Il a donné naissance à un club, le premier du Rotary au Maroc et dans tout le Maghreb, dit ‘’Doyen’’, duquel pullulera au fil des années une centaine de clubs au Maroc et dans la région maghrébine. Il a vu le jour pendant le protectorat, à une époque où les Marocains n’y étaient pas admis. Il a été bâti par des hommes comme les autres. Mais des gens à la conviction de servir est inimitable. Leur valeur et leur qualité humaine est, de nos jours, rarissimes. Il suffit de les approcher et de les côtoyer pour s’en persuader, dur comme fer.
À 87 ans, toujours aussi élégant, agissant nonchalamment en protecteur de la bienséance, tout en lui inspire le respect : regard perçant, démarche assurée et, par-dessus tout, des propos réfléchis et mûris qui en imposent le respect des autres. Mohamed Benmejdoub est le plus vieux rotarien du monde arabo-musulman et africain: 62 ans de Rotary et le seul qui a gravi tous les échelons jusqu’à devenir administrateur (Director) pour deux mandats successifs au conseil central du Rotary international (le “gouvernement” du mouvement) aux Etats-Unis (1986-1988). Il a été élu par la région la plus vaste du Rotary, celle qui regroupe l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Il a été reçu par plusieurs chefs d’Etat et de Gouvernement. Aujourd’hui encore, Mohamed Benmejdoub effectue de nombreuses missions pour le compte des Présidents du Rotary International qui se succèdent.
En étant le plus haut gradé arabo-musulman et africain, il a saisi l’occasion pour demander l’admission en 1985 d’un District maghrébin indépendant de la France, lui qui était pourtant Gouverneur du District qui groupait toute l’Afrique du Nord et huit départements français du sud-est de la France (Côte d’Azur…), en 1973 à 1974. C’est grâce à lui que l’actuel District 9010 (Maroc, Tunisie, Algérie et Mauritanie) a vu le jour.
Son dévouement au mouvement rotarien est sans limite. Rendre service aux autres est une qualité humaine innée chez Mohamed Benmejdoub. Elle est contagieuse. Son neveu, Ahmed, a hérité tout de son oncle. Le charisme, la patience et le don de soi. Il fut imprégné dès son bas âge par les paroles et les actions mobilisatrices de son oncle.
Et comme la force vient de l’union, ce club a vu se succéder sur son perchoir des présidents que l’abnégation, la bienveillance et une générosité sans limites a destinés à faire répandre tout autour les ondes du positivisme et du partage : Bouchaib Najioullah, Mohamed El Andaloussi, Aziz Bidah, Mohamed Kabbaj, Mohamed Lazrak, Abderrafii Amrani, Aziz Dadane, Khalid Benjelloun, Ahmed Benmejdoub, Khalid Sekkat, Jamal Lemridi, Ahmed Hjiej… et l’actuel Abdelilah Mourid. Leur apport est toujours là comme un témoignage que le flambeau passe d’une main à une autre, dans la continuité et la volonté de vouloir toujours faire mieux et plus.
Aujourd’hui, comme il y a 90 ans, le club continue de jouer le rôle d’une locomotive d’un train à grande vitesse à l’échelle du district, qui s’arrête au niveau de stations pour planter le grain du vivre-ensemble dans la communion, de l’entraide et de l’amour, avant de reprendre la route. Les passagers, qui sont aussi, les ouvriers du bonheur, ont une seule mission : rendre la vie plus belle en servant mieux pour en profiter le plus.
Merouane Kabbaj
Membre du Rotary Club de Casablanca
Inspiré, je cherche à mon tour à inspirer
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